Hans Koessler : Passaglia Concerto pour violon en la mineur et orchestre et Symphonie en si mineur. Premier enregistrement mondial

Que de sensations en cette fin d’année 2025 ! Cet enregistrement superbe du label allemand en est l’illustration parfaite ou comment exhumer un compositeur oublié. Bravo aux efforts de ce label pour servir cet artiste majeur de son époque. Un précédent enregistrement concernant le sextuor à cordes et le quintette à cordes avait été réalisé.

Qui connaît Hans Kossler (1853- 1926) ? 
Compositeur, organiste et pédagogue allemand, il fût l’élève de Joseph Rheinberger à Munich. Il est le cousin de Max Reger. Il enseigne à Budapest l’orgue et la composition à Budapest recruté par Franz Liszt dans son académie. Il laisse une œuvre riche de 160 œuvres dont un opéra magnifique créé à Strasbourg, deux symphonies, un concerto pour violon enregistré ici, un concerto pour violoncelle et orchestre, de la musique de chambre, pour orgue, des œuvres chorales et de très beaux lieder. Comme pédagogue, il joue un rôle important sur Kalman, Bela Bartok, Kodaly, Léo Weiner, Erno Von Dohnanyi. Son œuvre s’inscrit dans la tradition allemande d’un romantisme tardif. On y perçoit des influences proches de Brahms, Raff, Mahler, Richard Strauss.

Le Passaglia concerto pour violon et orchestre, somptueuse redécouverte !
Ce concerto écrit en 1914, année terrible du début de la première guerre mondiale est un rempart aux atrocités des hommes. Quel bonheur de découvrir cette œuvre ! En un mouvement, l’écriture est réalisée pour l’immense compositeur violoniste hongrois Jeno Hubay. Ce concerto ravira tous les violonistes désireux de nouveau répertoire. Quelle exigence stylistique digne de celui de Johannes Brahms, on y retient la fraicheur mélodique que l’on peut retrouver dans le concerto pour violon de jeunesse de Richard Strauss. Un ravissement réussit grâce l’extraordinaire interprétation du violoniste Fedor Rudin. Vainqueur des prestigieux concours Paganini et Enescu, l’interprète y déploie une technique brillante, une sensibilité musicale précieuse. Il livre une lecture parfaite de ce concerto oublié d’une densité mélodique et harmonique inouïes.

La symphonie en si mineur étonne !
Cette symphonie aux dimensions monumentales semble avoir été composée après 1900. Elle était perdue et non publiée jusqu’alors. Le choix de la tonalité de si mineur l’inscrit dans la continuité de symphonies très connues comme la symphonie inachevée de Schubert, la pathétique de Tchaïkovsky ou la très belle neuvième de Louis Spohr. Elle s’inscrit dans la tradition écrite en quatre mouvements. On y ressent des réminiscences de Brahms ou Schumann épousant des hardiesses harmoniques de la nouvelle école allemande qui doit tant à Liszt, Hans Von Bulow ou Berlioz. Par bien des côtés, on peut la ranger auprès des onze symphonies de Raff ou les neufs de Bruckner.

Le troisième mouvement adagio est un sommet d’émotions et beautés d’un lyrisme pur. On aime aussi les clins d’œil au Tristan de Wagner ou dans le final à Mahler.

Fondé en 1946, cette incontournable phalange orchestrale allemande se transcende sous la direction passionnée, vivante, précise et attentive du chef d’orchestre Rudolf Piehlmayer. On connaît le travail éclairé de cet artiste pendant de nombreuses années à Leipzig au sein Gewandhaus et son opéra. Les musiciens de Nüremberg ont bien de la chance. La fusion est totale ! Fantastique enregistrement!
Serge Alexandre

Un extrait du 3ème mouvement de la symphonie : www.youtube.com/watch?v=Oy0pkBU5ldc